secte or not secte

Publié le par janic

 

 

 

 

 

SECTE OR NOT SECTE ?

 

               La secte religieuse est à l’église constituée, ce que l’enfant est à l’adulte.

 

Peut-on parler de christianisme sans évoquer les sectes ? Régulièrement, d’âge en âge et aussi loin que puisse remonter la mémoire de l’homme dans son histoire, la peur a conduit à la chasse aux sorcières. Porteurs ou porteuses du mauvais œil, incantateurs de formules mystérieuses aux pouvoirs diaboliques, inventeurs de potions magiques sulfureuses, ces possédés du démon se voient dépossédés de leurs pouvoirs par d’autres incantations tout aussi magiques, par des brandissements de crucifix et surtout par des bûchers purificateurs, des roues et autres supplices jouissifs, redonnant à chacun la paix et la bonne conscience qui n’auraient jamais dû le quitter.

Notre société, dit-on, a évolué ; elle s’est grandement civilisée.

Des rustres aux mœurs primaires se sont transformés en gentlemens avec complet-veston auxquels la scolarisation obligatoire a permis de donner les bases de la connaissance, de l’analyse et du discernement qui distingue l’ère moderne du moyen-âge. Mais la peur et la superstition ont-elles été influencées par cette évolution ? D’évidence, non ! Ou très peu.

Le terme secte (dont Monsieur et Madame Tout Le Monde se servent sans connaître le sens exact) vient du grec HAIRESIS qui signifie choix, élection, intention, recherche, règle de conduite, école, faction, et qui deviendra en latin secta de sequi, suivre. Ce terme a pris un sens péjoratif qui signifie aujourd’hui : laid, méchant, pas bon.

Jésus, pourtant, est considéré comme le fondateur d’une secte qui compte, actuellement, plusieurs centaines de millions d’adhérents dont aucun n’a envie d’être considéré comme un membre d’une secte laide, méchante pas bonne –et ayant à son actif des millions de morts. Les persécutions contre les hérétiques[1] ont renforcé cette idée que tout ce qui  n’est pas selon la norme majoritairement reconnue est secte.

Ainsi, dans les pays ou dominent des religions non-chrétiennes, le christianisme devient secte au même titre que l’O.T.S. (Organisation du Temple Solaire) et autres groupes, plus ou moins religieux, qui défrayé la chronique des journaux par l’horreur de leurs massacres.

Mais ceux-ci ne sont que peccadilles à côté des millions de morts dont le christianisme est lui-même porteur depuis des siècles. Il devient alors -ô combien- difficile à ce dernier de vouloir ôter la paille qu’il y a dans l’œil du voisin quand la poutre qui est dans le sien rend, ou a rendu, complètement aveugle.

Cette conception des sectes, soutenue par les médias en recherche d’inédit, de sensationnel ou de macabre, ne fait que renforcer la volonté d’exclure des uns et d’être exclu des autres. Ces exclus (supposés l’être contre leur volonté) font, selon un processus bien établi, l’objet de la sollicitude de ceux qui, précédemment, les ont condamnés ou rejetés. C’est un Reviens à la maison ! dans son sens le plus général : chez Papa-Maman, pour l’enfant égaré ; dans la société sécularisée pour le citoyen ; dans la vraie foi et la vraie vérité pour le croyant.

L’idée même que la maison en question n’aie pas (ou plus) les critères d’un vrai foyer n’effleure même pas les parents pour qui c’est, nécessairement, l’autre qui est dans l’erreur. L’idée que la société n’apporte pas aux exclus (de fait ou volontaires) ce qu’ils en attendent et ne s’adresse à eux que par un discours purement politicien appelant à un retour dans le giron permettant seul le changement ; ou l’idée que la religion traditionnelle n’est qu’un squelette sans chair ni cœur qui puisse nourrir et satisfaire les membres des nouvelles sectes, semble inconcevable à ceux qui se satisfont de ce qui existe.

Or, c’est justement d’une secte semblable à celles combattues aujourd’hui (en faisant abstraction de celles qui versent dans l’holocauste collectif et qui ne sont qu’exception parmi les milliers de sectes ou appelées telles qui sont recensées aujourd’hui) qu’est sorti ce nouveau type de religion que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de christianisme. C’est bien à cause d’un gourou appelé Jésus qu’est apparue cette religion et les raisons pour lesquelles il fut combattu et mis à mort n’ont pas changé depuis 2000 ans. L’appel à donner sa vie, pour une cause supposée juste, n’est pas neuf non plus, et remonte aux origines mêmes du christianisme (pour ce qui concerne cette religion). C’est même une partie primordiale de toute idéologie : Mourir pour sa patrie, pour sa foi, pour ses idées ; donc, en martyr[2].

C’est pourquoi définir ce qu’est une secte relève d’un exercice de style périlleux et orienté, pour la simple raison qu’il s’agit là, généralement, d’un point de vue subjectif plutôt qu’objectif. . Pourtant certains se sont livrés à ce difficile exercice tel le père Jean Vernette (qui s’est spécialisé sur ce sujet) dans son livre: “ Jésus dans la nouvelle religiosité” où il s’est efforcé d’établir la définition de la secte:

 

“ Choix volontaire et mutuel, séparatisme et exclusivisme, auto identification au groupe entretenue par la surveillance et l’exclusion, élitisme et légitimation directe par Dieu, ces traits définissent bien la secte.” p. 288

 

Ces caractéristiques correspondent à tout groupe social constitué qu’il soit politique, syndicaliste, associatif, professionnel  et donc aussi confessionnel quand il y a en plus légitimation par Dieu. En effet quelle religion ne correspondrait pas à l’ensemble de ces critères?

On peut donc se demander à partir de quels critères une secte, combattue la plupart du temps, peut passer au stade d’église reconnue? D’évidence par le nombre et par l’influence politique, économique et sociale que représente tout groupe, numériquement important constitué; ce qui fut le cas du protestantisme. Ces critères nécessaires à une reconnaissance “officielle” sont loin, il faut le reconnaître, d’être les critères spirituels supposés être les fondements de toute religion.

L’exemple typique, actuel, en est les Témoins de Jéhovah. Leur prosélytisme intensif (terreur des religions en place) puise grassement dans les tranches de population attachées, par tradition plus que par conviction religieuse, à l’église catholique qui a quantitativement le plus d’adhérents dans notre pays. Laquelle église catholique recrute d’ailleurs, par millions, ses membres dès la naissance ce qui ne choque, semble-t-il, personne.

La pression (dite spirituelle ) que font les Témoins de Jéhovah, sur leurs membres, de développer ce prosélytisme conduit à un développement exponentiel de ce groupe religieux et représente donc un danger (non pas métaphysique - car leur théologie n’est ni plus, ni moins, fumeuse  que celle de leurs collègues en christianisme théorique- mais bien physique et matériel) par cette ponction.

Le risque donc est qu’en peu de temps (au regard de l’histoire) l’équilibre des forces religieuses penche dangereusement du coté de ces minorités dont il faudra alors tenir compte. C’est ce qui s’est passé avec le protestantisme qui a ouvert une brèche par laquelle d’autres se sont engouffrés et s’engouffrent encore.

Théologiquement les grandes églises ne peuvent lutter contre ces minorités envahissantes car la plus grande partie de leurs membres, inscrite au baptême, se moque complètement des discours théologiques et des traditions ecclésiales ; mais recherche des valeurs en cours de disparition comme l’amour dit fraternel, la famille, la justice, l’honnêteté, la gentillesse, le service mutuel, la tempérance, etc.. qui ont fait, et font encore, plus de convertis que des doctrines théoriques inappliquées et inapplicables ; et qui en plus refusent le carcan d’une hiérarchie religieuse privilégiée. Or les petits groupes, que représentent ces minorités, permettent justement de perdre l’anonymat et la froideur des grandes assemblées.

Le moyen le plus efficace de lutter contre ces hérétiques est donc, soit de faire comme eux, soit de trouver un défaut à leur cuirasse, qui se trouve être, pour les Témoins de Jéhovah en question, leur discours, non seulement sur la non-divinité du Christ [3] mais aussi sur leur indignité de parents refusant le secours médical salvateur qu’est le sang.

Alors la peur ancestrale et viscérale ressort intacte. De braves gens “qui ne feraient pas de mal à une mouche” les voici transformés en anti vampires non assoiffés de sang, refusant le liquide sauveur hors duquel il n’y a pas, bien entendu, de salut. Peu importe, en l’occurrence, que le sang sauve ou fasse mourir car les neuf dixièmes de la population d’un pays comme le nôtre ignorent presque tout ce qui touche à ce liquide, même depuis le sang contaminé par le S.I.D.A. ou les hépatites.

Qui a pris la peine de comptabiliser avec honnêteté, combien de membres de cette secte adultes ou enfants, sont morts pour avoir refusé les transfusions sanguines et ensuite de comparer statistiquement ces chiffres avec ceux qui sont décédés hépatisés, sidaïsés, etc. après avoir été transfusés? Ainsi, quoique dans une ignorance quasi totale, l’épouvantail est agité devant les populations effrayées qui ferment leurs portes devant ces prédicateurs au zèle, quelquefois excessif comme s’ils étaient des pestiférés.

Le but souhaité est dès lors atteint, puis largement amplifié par les médias, toujours prompts à faire souffler un vent de panique disproportionné avec la réalité car les sectes, genre Vraco, Guyana ou le temple du Soleil, ont fait plus pour conserver dans le giron des religions établies les éventuels dissidents que mille discours du haut des chaires.

Or 10, 100 morts dans une secte dans notre pays déclenchent plus d’émotion que les dizaines de milliers de morts victimes des sectes productrices et distributrices de tabac et autant de victimes des sectes de l’alcool (officiellement reconnues comme drogues) et contre lesquelles personne, ou presque, ne fait, ni ne dit, rien pour la simple raison que rares sont ceux qui sont disposés à combattre contre eux-mêmes.

Ceci peut sembler s’éloigner du sujet mais en réalité nous y ramène. Le phénomène secte n’existe qu’au travers d’une psychose habilement nourrie et entretenue malgré la disproportion entre la peur et son objet.

Cette psychose se remarque dans la peur des araignées, des souris, des serpents ou des fantômes qui fait sourire ceux qui ne sont pas sensible à ces raisons d’avoir la trouille. Certes il y a bien des cobras, scorpions et tarentules tout comme il existe des champignons vénéneux et parfois mortels. Mais cela traumatise-t-il les ramasseurs de champignons?

Doit-on pour autant interdire le ramassage de ceux-ci ou abattre tous les serpents de l’orvet à la couleuvre et bien entendu la vipère? Doit-on même supprimer tous les insectes dont le dard est venimeux ou bien doit-on apprendre à les connaître pour en distinguer les éventuels dangers?

Or la psychose anti-sectes vise plus, actuellement, à se débarrasser de ces dernières en se cachant derrière le risque que celles-ci peuvent présenter, plutôt que de chercher à les comprendre. Ceci se remarque dans les émissions médiatisées, même les plus sérieuses et les plus écoutées, qui servent plus à développer la peur qu’à expliquer et laisser s’exprimer les membres de ces sectes. Ces derniers étant systématiquement hués, ridiculisés, interrompus sans leur laisser le temps de présenter clairement leurs raisons de faire partie de telle ou telle minorité.

Et c’est sur ces informations tronquées, orientées, que le public devra se faire une opinion, qui est décidée d’avance, à l’aide de témoignages (qui peuvent être vrais et sincères), d’anciens membres ayant quitté la secte mais ne laissant pas la parole à ceux qui semblent satisfaits de ces mêmes mouvements.

Ce déséquilibre profond, ce manque à l’éthique journalistique, est symptomatique de cette peur latente. Or, et c’est évident, ce n’est pas par l’exclusion et le rejet que cet aspect des sectes, dont certaines dites socialement dangereuses, peut-être abordé. Combien de médias, de prédicateurs officiels, de juristes croient-ils, par ces moyens, pouvoir apporter une amélioration à ce problème? Alors que chaque membre de ces sectes concernées, à la lecture des journaux, à l’écoute des émissions radiophoniques ou télévisées se voit montré du doigt, ridiculisé, condamné sur des procès d’intention et sans le droit de donner son avis.

Combien de ces responsables croient-ils convertir à de meilleurs sentiments les personnes piégées, plus ou moins volontairement, par ces sectes quand ces dernières personnes se voient traitées comme des droguées de la crédulité, des inaptes à avoir une opinion, des incompétents de la foi?

Lorsque l’on veut tendre une main secourable à quelqu’un que l’on croit en danger ; il faut éviter, au préalable, de s’en servir pour lui taper sur la figure. C’est élémentaire mon cher Watson!

Or il est caractéristique lors de ces débats radiophoniques ou télévisés que les représentants de ces minorités sont hués, conspués, dès qu’ils ouvrent la bouche pour s’exprimer et leurs paroles sont couvertes par le brouhaha du public ou de leurs opposants quand ce ne sont pas les animateurs eux-mêmes qui sont, à priori, contre. Il est donc virtuellement impossible à un auditeur attentif de savoir en quoi ces minorités se caractérisent en bien ou en mal puisque seul l’aspect mal est présenté.

Cette attitude se retrouve d’ailleurs dans les autres secteurs médiatisés que ce soit de la politique, du social ou plus encore de la santé quand les charlatans sont montrés du doigt lors d’échec (rarement montés aux nues lors de leurs succès) alors que n’importe quel ponte de la médecine officielle peut se voir offrir des heures d’écoute pour des auditeurs ébahis même si chaque année de nombreux malades sont décédés après des soins qui se sont révélés inefficaces et ce sans se voir reprocher le moindre échec. Ainsi va la vie!

Comment dès lors s’étonner que des laissés pour compte de la foi se tournent vers les minorités “spirituelles” (ou se prétendant telles) appelées sectes tout comme les laissés pour compte de la médecine officielle se tournent vers d’autres minorités dont ils espèrent un meilleur succès.

Cependant l’on ne peut éviter de tomber quelques fois sur de véritables charlatans en religion, en médecine, en politique, en système social et malheureusement il n’est guère possible, à priori, de décider si ces groupes sont de bonnes ou de mauvaises sectes puisque le terme secte signifie obligatoirement mauvais. Le  Christ disait:

 

C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez...

 

Le seul vrai moyen de lutter contre ces mauvais fruits, c’est d’offrir soi même des fruits de meilleur goût et de meilleure qualité.

Dès lors doit-on empêcher la création de nouvelles sectes?

C’est prendre le risque d’un état totalitaire avec un seul parti politique, une seule médecine (comme c’est le cas), d’une seule religion (ce qui a longtemps été le cas). C’est parce que des hommes et des femmes ont refusé qu’il en soit ainsi que notre type de société a progressivement admis la pluralité des concepts en matière de politique, de religion et, bien que timidement maintenant, en matière de médecine.

Et pour ce qui est de l’aspect juridique et financier des sectes, petites ou grandes; si l’ETAT (sous pression religieuse) a accordé des passe-droits financiers aux groupes religieux, des lois peuvent être votées pour qu’il n’en soit plus ainsi et mette fin, naturellement, aux sectes pompes à fric qui cesseraient d’elles-mêmes de recruter. Il ne resterait alors que quelques gourous philanthropes qui, dès lors, ne seraient plus légions. De plus de vrais libres expressions et débats contradictoires non orientés où chacun pourrait exprimer ce qu’il croit être vrai sans crainte d’être ridiculisé (ce qui crée un mouvement de replis sur soi favorable à l’endoctrinement et à son maintien) servirait plus à l’information du grand public et au respect des autres qu’à entretenir la psychose de la peur.

Seulement voila, ce serait placer les grandes religions (dont personne ne fait le procès) sur un pied d’égalité avec les petites et ce serait aussi prendre le risque de voir augmenter les fuites vers l’extérieur et le renforcement de ces minorités. D’où la tentative des religions instituées de se distinguer des autres au travers de ce vocable péjoratif de SECTE.

Prétendre que les sectes ne sont pas des religions, c’est se démarquer pour éviter d’être placé sur un même plan ce qui pourrait se révéler juridiquement et financièrement nuisible dans l’avenir.

Selon le Quid 1994 p.481:

“ 1.458,7 millions d’individus se recommandaient, sur cette planète, d’être chrétiens.

 Ils seraient aujourd’hui bouddhistes, confucianistes, musulmans ou juifs; si la secte des 12 apôtres, menée par le grand gourou Jésus, avait obéi à cette injonction de ne plus professer en ce nom là et quelle foi défendraient aujourd’hui tous ceux qui sont inconditionnellement contre les sectes.

 

Ne faites pas à autrui ce que vous ne voulez pas que l’on vous fasse, disait le Christ.

 

La dernière parole reste donc, peut-être, à ce grand et sage docteur de la loi, estimé de tout le peuple et faisant partie du sanhédrin judéen, qui, lors des premières persécutions contre les apôtres, dit à ses contemporains:

 

Hommes Israélites, prenez garde à vous-mêmes pour ce que vous allez faire à ces humains...Maintenant je vous dis: Ecartez-vous de ces humains et laissez-les car si c’est une volonté ou une œuvre humaine celle-ci sera détruite; si par contre elle est de dieu vous ne pourrez pas les détruire; aussi ne soyez jamais trouvés combattant contre dieu....Actes 5 :35 à 40

 



[1] Hérétique : étymologiquement, séparé.

 

[2] Martyr signifiant témoin et non pas torturé.

[3]- Mais d’autres croyants refusent cette même divinité tels les Musulmans et les Israélites.

Publié dans bible

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Monsieur Janic, j'ai découvert votre site hier par hasard, et je dois vous dire que je suis ébloui par la justesse de vos analyses. Pas que je sois un connaisseur, mais ce que vous dites rejoint<br /> mon sentiment général sur les sujets que vous traitez, comme celui-ci sur les sectes. J'ai presque lu la totalité des articles que j'ai pu voir sur votre site, et j'attends ddonc avec impatience<br /> votre livre "STOP A LA MALADIE".
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