Entre bible et athéisme.

Publié le par janic

 

Les bibles (bible hébraïque appelée Ancien Testament par les christianismes ; la bible en grec appelée Nouveau Testament par les mêmes christianismes et la bible musulmane appelée Coran par les musulmans) sont régulièrement attaquées par ceux et celles qui voient dans ces ouvrages un moyen de conditionner les individus à un mode de pensée et d’action particulier.

Il est bien qu’il en soit ainsi car le conditionnement à un mode de pensée unique est dangereux pour la liberté de pensée, justement. Ainsi, « hier », il était interdit de penser et de croire autrement qu’en termes de création. « Aujourd’hui », [1]il est interdit de penser et de croire autrement qu’en termes d’évolution. Un conditionnement de la pensée unique remplaçant un autre conditionnement à la pensée unique. Où est la différence ?

Certes ces bibles ont bien des défauts, des incohérences, des contradictions et même des dogmes inacceptables actuellement. Or, il ne faut pas le perdre de vue, ces ouvrages ont été pensés, écrits, à des époques, en des lieux, dans des cultures très éloignées de nos modes de pensée actuels et il est difficile, parfois impossible, d’appliquer ces réflexions, dites spiritualistes, à notre société « moderne ».

Ainsi, dans notre société monogame, il est difficile d’imaginer un homme époux de mille femmes dont 300 concubines comme Salomon, difficile de comprendre le discours de Paul, disciple de Jésus, selon lequel la femme doit être soumise (mise dessous) à son mari ou encore cette parole du Coran : « Si vos femmes commettent l’action infâme (l’adultère) appelez quatre témoins. Si leurs témoignages se réunissent contre elles, enfermez-les dans des maisons jusqu’à ce que la mort les visite… » Sourate 4-19.[2] (L’homme ayant droit à 4 femmes n’est pas considéré comme adultère mais la femme n’a pas droit à 4 maris). Ceci étant proche du N.T. avec la femme adultère présentée à Jésus en se référant à la lapidation de l’A.T.

De la même façon, la guerre, la violence, y sont omniprésentes surtout dans l’A.T. et le Coran, alors que nous cherchons à construire une société dans laquelle les conflits (hier réglés par la violence)  tendent à se régler par le dialogue et la concertation.

L’erreur principale de l’athéisme, c’est de voir et de mettre en avant les défauts (réels et incontestables) de ces ouvrages et d’en occulter les qualités. A l’extrémisme de la religion répond l’extrémisme de l’anti religion : l’athéisme.

En effet, l’athéisme s’enferme sur sa volonté de ne pas croire et donc de critiquer les religions qui en font autant. Or combien d’athées ont réellement ETUDIE (et non seulement lu) ces ouvrages que peu de croyants ont lu, eux aussi, et encore moins ETUDIE ?

Par exemple Michel Onfray[3] dans son ouvrage : « traité d’athéologie »p.41 écrit : « Certes l’athée existe dans la Bible Psaume X-4 et XIV-1 ; Jérémie V-12 »

Or que disent ces textes : Ps 10 « 2-Le méchant persécute le pauvre…avec son caractère hautain, le méchant s’inquiète de rien…il n’est point de dieu, voici le fond de sa pensée…11-Il dit en son cœur – Dieu est sujet à l’oubli, il dérobe sa face, jamais il ne voit rien… » L’athée en question, selon la citation d’Onfray, persécute, ici, le pauvre.

Psaume 14-1« L’insensé dit en son cœur - Il n’est point de Dieu. On est corrompu, on commet des actes odieux, personne ne fait le bien » De nouveau cet « athée » est corrompu, commet des actes odieux, ne fait pas le bien. Quelle référence négative pour l’athéisme !!!

Jérémie 5-12 : « Ils ont renié le Seigneur et dit : - Il n’est pas ! Aucun malheur ne nous arrivera ! » Et de qui s’agit-il ? Jér. 5-11 « car la maison d’Israël et la maison de Juda ont agit perfidement à mon égard, dit l’Eternel » et quels sont les reproches faits à ces maisons ? « Leurs demeures sont remplies de fraudes…ils ne rendent pas la justice, justice à l’orphelin et ils prospèrent ! La cause des pauvres, ils ne la font pas triompher »[4]

D’évidence, ces « athées » (3 fois cités) sont des gens guère fréquentables.

Onfray a donc bien LU en travers (et de travers) ces passages qui ne sont guère à la gloire de ces pseudo athées. Or ces « athées » (et particulièrement dans Jérémie) sont tout le peuple d’Israël (peuple religieux s’il en fut). Si Onfray avait ETUDIE ces textes, il se serait rendu compte que ne pas pratiquer la justice, ne pas faire droit aux faibles et aux opprimés c’est cela ne pas croire en Dieu ou, selon la citation d’Onfray, c’est cela l’athéisme. Or combien de non croyants en dieu s’y reconnaissent ? Et s’ils ne s’y reconnaissent pas, c’est qu’ils sont croyants (selon la définition biblique) en dieu, malgré leurs paroles de négation. En effet, tout comme monsieur Jourdain pratiquait la prose sans le savoir, celui qui pratique la justice, qui n’opprime pas autrui est « croyant ». Non pas croyant au sens religieux habituel, c'est-à-dire faisant partie d’un système catholique, protestant, musulman, juif, bouddhiste ou autre système ; mais comme adhérant à des valeurs que la bible désigne de la façon suivante : « La justice et le droit sont la base de ton trône, l’amour et la vérité marchent devant toi » Psaume 89-15.

En clair : SE dire athée ou croyant, cela ne veut rien dire, ce qui compte c’est ce que l’on FAIT et non ce que l’on PRETEND : « La religion pure et sans tache, devant dieu, consiste à s’occuper de la veuve et des orphelins »Jacques 1-27 du N.T.

Or, et malheureusement l’Histoire en témoigne, si de nombreux « croyants » ont pratiqué l’injustice d’autres, même « non croyants », ont pratiqué ce qui est juste. De plus, et l’Histoire en témoigne une seconde fois, toutes les sociétés humaines se sont écroulées lorsque ces valeurs ont été bafouées.

Finalement, mieux vaut des incroyants  « croyants » que des croyants « incroyants » !



[1] Il va de soi qu’il n’est pas véritablement interdit de penser et de croire autrement que selon le dogme majoritaire de notre société, mais il est indéniable que la révolution (au sens large de ce terme) a changé la donne et qu’il est mal venu de « prêcher »,ou enseigner, un autre message que celui de l’évolution considéré, aujourd’hui, non plus comme une théorie mais comme un fait. Or évolution comme création sont des hypothèses improuvables de part et d’autre.

[2]  Le Coran- Flammarion 1970

[3] Qui peu ne pas être reconnu comme une référence de l’athéisme par tous.

[4] La Bible-Librairie Colbo Paris

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